13 juillet 2011

Vues d'installation






Photographies : Jessica Theis - Blue Box Design

24 juin 2011

Woxx - déi aner Wochenzeitung - 24.06.2011







MISS HUET ET LES CARTES POSTALES
Par Luc Caregari
Comme chaque année, le Casino Forum d'art contemporain accueille un-e artiste en résidence. Si en 2010, le choix était tombé sur le polémique Francisco Camacho et son travail vidéo et musique très politisé, le cru de 2011 s'annonce en couleurs plus pastelles mais non moins de qualité. Cette année donc, le Casino a choisi la jeune artiste française Elodie Huet, qui travaille en ce moment dans « l'aquarium » du Casino. C'est surtout ce lieu qui semble avoir décidé l'artiste à poser sa candidature pour la résidence d'artiste : « Je m'intéresse beaucoup à l'aquarium et aux rapports que je peux avoir avec l'extérieur à partir de ce lieu tout de même un peu spécial. Je regarde les gens et les gens me regardent et la question est de savoir les rapports de force qui naissent de ces rencontres informelles », déclare-t-elle. Curieusement, elle ne perçoit pas « l'aquarium » comme un lieu d'enfermement.


Le thème qu'Elodie Huet a choisi est justement la ville de Luxembourg, mais de son côté insolite. Non pas qu'elle se serait faufilée dans les casemates ou d'autres endroits fermés au public pour y dénicher quelque mystère, mais elle se concentre sur des détails, des choses, des vues qui sont présentes au quotidien mais qu'à force de les voir, on ne les voit plus. « C'est comme un petit jeu d'indices », explique Huet, « Je photographie des choses et des vues que les gens peuvent voir chaque jour sans peut-être s'y attarder. Ainsi, ils peuvent se reconnaître dans mes motifs ou ils peuvent découvrir des nouveaux points de vue ». Une sorte de travail de détective en somme, sans meurtre, ni braquage. De toute façon, son travail, comme elle le déclare, est dénué de toute revendication politique. Huet préfère travailler sur la forme et le volume des choses, comme dans d'anciens travaux, notamment une sculpture composée entièrement de tracts triés selon leur taille et leur couleur. Dans ce sens, le titre de son intervention au Casino - « Restore Hope », du même nom que l'intervention militaire américaine en Somalie au début des années 1990, qui s'est soldée par un énorme fiasco - est un leurre. Selon l'artiste : « C'est peut-être un petit clin d'oeil vers le fait qu'on peut se tromper sur les préjugés qu'on a envers d'autres pays, mais cela n'a rien à voir avec le contenu de mon travail ».
Le résultat de son travail d'enquêtrice de l'insolite est imprimé sur des cartes postales - une trentaine de motifs en tout - qui seront mises à disposition gratuitement aux visiteurs de l'exposition qui ouvrira ses portes le 8 juillet. Mais ce n'est pas tout. Ces cartes seront disposées dans des meubles spécialement conçus par Elodie Huet pour cette exposition dans l'aquarium. Entre-temps, vous ferez mieux de passer le plus souvent possible devant « l'aquarium » et de regarder l'artiste au travail et - qui sait ? - l'inspirer encore davantage.
A partir du 8 juillet au Casino-Forum d'art contemporain.



19 juin 2011

INTERVIEW





Depuis mi-mai 2011, l’artiste française Élodie Huet (*1973 en France, vit et travaille à Paris) est au Casino Luxembourg 
pour une résidence d’artiste de huit semaines. Une exposition à l’« Aquarium », fruit de son travail sur place, clôture son séjour. Élodie Huet, une artiste sensible à son entourage, explore, strate par strate, son terrain d’accueil. Découverte(s).


Nadine Clemens : Élodie, qu’est-ce qui t’a motivée à présenter un dossier pour la résidence d’artiste au Casino Luxembourg ?

Élodie Huet : D’emblée, j’ai trouvé l’« Aquarium » – l’espace vitré dans lequel les projets de résidence du Casino ont lieu – très inspirant. Il s’agit d’un module architectural qui, bien que faisant partie intégrante du bâtiment, bénéficie néanmoins d’une certaine autonomie. Avec ses grandes surfaces vitrées, il fonctionne comme un espace intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur. Aujourd’hui, c’est mon lieu de travail et j’y passe une partie de mon temps de résidence. J’ai pu constater la relation qu’il peut y avoir entre la vie publique – avec les passants et les touristes qui se promènent sur le boulevard Roosevelt, les voitures qui circulent, etc. – et la vie privée, c’est-à-dire mon lieu de travail temporaire. Cette notion de glissement entre les espaces m’intéresse beaucoup.


NC : Comment vis-tu le temps de ta résidence ? De quelle manière cette expérience influence-t-elle ton travail ?

ÉH : D’une part, je considère la résidence comme un moment de solitude, puisqu’on arrive dans un autre espace-temps, inconnu et nouveau. D’autre part, une telle période passée ailleurs est propice à la rencontre. Pour moi, il s’agit d’un moment privilégié à l’introspection, d’une occasion pour réfléchir à de nouvelles œuvres. Celles-ci sont presque naturellement inspirées par l’espace et par le contexte particulier dans lequel je me trouve en tant que résidente temporaire. Le projet que je réalise sur place traite ainsi de la relation personnelle que j’ai avec mon lieu d’accueil.


NC : Un des projets que tu réalises est une série de 30 cartes postales, éditées à 2000 exemplaires chacune. Pourrais-tu nous en dire plus ? Comment choisis-tu tes motifs ?

ÉH : Au fil du temps, je découvre de nouvelles choses. Chaque jour, je prends des photos de ce qui m’entoure : des objets dans l’espace urbain, des fragments d’architecture, des éléments de paysage, … Ce sont des détails qui peuvent paraître anodins mais qui, par le cadrage photographique et par le regard que je porte sur eux, peuvent acquérir une certaine importance. Comme un criminologue à la recherche d’indices, je scanne l’espace qui m’entoure ! Il s'agit dans ces images de prélever des bouts de réalité subjectives, des détails principalement architecturaux, des curiosités « anti-touristiques ». Pas totalement l'inverse du décor de carte postale, mais ils pointent des indices d'organisation de la ville.
Parmi les photos que je prends quotidiennement, certaines font l'objet d'une édition de  cartes postales et sont intégrées dans le dispositif scénographique mis en place à l'aquarium. . J’invite les visiteurs à venir les récupérer ou, pour le dire autrement, à se les approprier. L'exposition prend ainsi forme tout au long de la résidence et, paradoxalement, tend aussi à disparaître


NC : Ton projet s’intitule Restore Hope. Peux-tu m’expliquer pourquoi ?

ÉH : Restore Hope est le nom d’une opération militaire qui a été menée au début des années 1990 par les forces américaines sous l’égide des Nations Unies en Somalie. Le but de cette opération était de faire cesser les hostilités entre la Somalie et l’Éthiopie, et à mettre un terme à la guerre civile. La mission Restore Hope s’est soldée par un échec. Pour moi, Restore Hope se traduit métaphoriquement par le regard extérieur que l’on peut porter sur un pays. Les bonnes intentions que l’on peut avoir au départ, ne valent pas grand chose si elles ne trouvent pas un écho favorable. Je me suis installée au Luxembourg et j’espère pouvoir apporter un regard autre sur cet environnement. Le travail que je développe ici  est basé sur la perception qu'on peut avoir d'un milieu  inconnu, et sa transmission à l'extérieur. Pour moi, réaliser un travail qui tomberait sur de sourdes oreilles constituerait un échec. 











9 juin 2011

Restore Hope


(…)C'est comme un petit jeu d'indices », explique Huet, « Je photographie des choses et des vues que les gens peuvent voir chaque jour sans peut-être s'y attarder. Ainsi, ils peuvent se reconnaître dans mes motifs ou ils peuvent découvrir des nouveaux points de vue ». Une sorte de travail de détective en somme, sans meurtre, ni braquage. 

Luc Caregari, Woxx du 24 juin 2011
























 





 




Restore Hope I Élodie Huet I 2011
Série de 30 cartes postales éditées à 2 000 exemplaires